Juifs et chrétiens parisiens, « appelés à vivre dans la fraternité »

Paris Notre-Dame du 21 septembre 2023

Curé de St-Louis-en-l’Île (4e), le P. Jean-Baptiste Arnaud est également enseignant au Séminaire de Paris. À ce titre, il participe à l’organisation de la Rencontre fraternelle qui aura lieu le 9 octobre prochain entre les séminaristes parisiens et l’association Judaïsme en mouvement.

Le P. Jean-Baptiste Arnaud, curé de St-Louis-en-l’Île (4e) et formateur au Séminaire de Paris.
© Collège des Bernardins

Paris Notre-Dame – Comment cette rencontre va-t-elle se dérouler et pourquoi avoir choisi cette date ?

P. Jean-Baptiste Arnaud – L’année dernière, pour la première édition de cette Rencontre fraternelle, nos frères juifs avaient convié le Séminaire de Paris à la synagogue de Beaugrenelle (15e) pour l’office de shabbat suivi d’un dîner qui avait suscité de belles rencontres. Nous avions tout de suite émis le souhait de les inviter à notre tour cette année. Le 9 octobre, nous accueillerons donc nos frères de Judaïsme en mouvement à St-Germain-l’Auxerrois (1er), cathédrale actuelle et lieu central du Séminaire. Nous sortirons des fêtes juives d’automne qui se concluent le 8 octobre et serons encore en période de rentrée, ce qui permet de lancer une dynamique pour l’année pastorale. Le 9 octobre est également la fête de saint Denis, le saint patron de notre diocèse, que nous serons heureux de présenter à nos invités. La rencontre commencera à 19 h dans l’église avec l’office des vêpres, ouvert à tous, suivi d’un dîner fraternel.

P. N.-D. – Quels sont les enjeux et le sens de ces rencontres ?

J.-B. A. – La raison principale est d’approfondir et de cultiver l’estime et la connaissance mutuelles entre nos deux peuples, appelés à vivre dans la fraternité de l’appel commun reçu de Dieu. Nous nous situons ainsi dans la lignée de ce que le Concile Vatican II, le pape Jean-Paul II et le cardinal Jean-Marie Lustiger ont encouragé : une rencontre incarnée, appuyée sur la liturgie ; l’année dernière avec le shabbat, cette année avec les vêpres. Un autre point central est que le futur clergé de Paris – ainsi que celui des autres diocèses dont les séminaristes nous sont confiés – puisse bénéficier de cette amitié, cette estime et cette attention envers le peuple Juif. C’est important pour les séminaristes dans leur propre cheminement car s’ils suivent des cours sur la Bible, le judaïsme, la langue hébraïque, ils n’ont pas toujours l’occasion de rencontrer le judaïsme, vivant, aujourd’hui. C’est ce que ces rencontres permettent. C’est un enjeu pour nos séminaristes mais aussi pour les fidèles dont ils auront la charge afin de leur transmettre ce qu’eux-mêmes auront reçu.

P. N.-D. – De quelle manière les séminaristes y sont-ils préparés ?

J.-B. A. – La première préparation se fait sur le long terme, tout au long de l’année, avec les cours mentionnés précédemment qui les sensibilisent. Les séminaristes de Paris ont également des rencontres régulières en communauté et cela fait partie des sujets que l’on va aborder avec eux pour expliquer les enjeux, préparer ensemble quelques questions, etc. Et surtout se disposer à l’accueil. Nous souhaitons que nos frères juifs se sentent aussi bien accueillis que nous l’an dernier. Ils nous avaient même remis à chacun une kippa. Nous leur offrirons, nous aussi, un cadeau… dont je ne peux rien dévoiler pour conserver la surprise ! C’est une autre forme de préparation. Il y a quelques jours, nous évoquions avec les séminaristes les sources juives de la prière eucharistique I auxquelles ils ont été très sensibles. Ils ont pris conscience que nous ne partageons pas seulement une partie de la Bible avec les Juifs mais aussi toute une tradition liturgique. Je rêve d’ailleurs que nous puissions lire ensemble un texte biblique et partager, en petits groupes, comme cela a déjà pu se faire avec des évêques et des rabbins lors de rencontres internationales. Que signifie aujourd’hui être juifs et chrétiens ? En quoi cela nous engage, nous rapproche et nous met au service de la personne humaine ? Il s’agit là de notre principale mission commune.

Propos recueillis par Mathilde Rambaud

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